Découvrir
le patrimoine sacré, pour qui veut se mettre à son écoute, est
une aventure passionnante : elle a été menée avec une classe de
19 élèves de CM2 de l'école de Montcuq qui ont appris tout au long
de cette année 2000 2001 à regarder, sentir et ressentir ce qui
émane de ces vieilles pierres dont on a oublié l'existence ou du
moins le sens qu'elles portent en elles.
La
chapelle de Rouillac, proche de l'école, le prieuré de Catus
et le cloître de Moissac dans le Tarn et Garonne ont dit chacun
à leur façon combien le Moyen Age aimait la beauté, le raffinement,
l'amour du travail bien fait, l'Art tout simplement mais mis au
service d'une idée, la transmission d'une histoire, celle de la
religion chrétienne qui est l'un des soubassements de notre culture.
Entamer
cette recherche, c'est essayer de se relier aux hommes qui nous
ont précédés mais c'est aussi tenter de mieux nous situer ici
et aujourd'hui et de confronter nos valeurs avec celles qui ont
prévalu autrefois.
Les
élèves ont été en présence de ces monuments et ils en ont ressenti
le poids et l'importance : elle vient de la pierre mais aussi de
tout ce que ces pierres racontent et gardent de mystères.
Lire une église, c'est entrer dans toute une connaissance de
la Géométrie, des lois de la Physique, de l'Histoire et de la Sociologie.
Lire une fresque, c'est pénétrer dans la lecture de la Bible,
lire un chapiteau, c'est tenter d'accéder à la symbolique romane,
d'en aborder les codes, de comprendre que derrière ce qui nous paraît
peut-être une fantaisie d'artiste, il y a une pensée, une réflexion
qui est celle d'une époque dont nous avons perdu les clés.
La
danse comme la poésie est un moyen d'exprimer toutes les perceptions,
les émotions et les interrogations que suscite le patrimoine sacré
: les élèves au cours d'ateliers de deux heures animés par Claire
Amiet, chorégraphe, apprennent à dire avec des gestes bien
à eux ce qu'ils ressentent dans ces lieux : l'importance des
espaces, des formes, la qualités des matériaux, les silences, les
histoires que racontent fresques et chapiteaux, les images qui les
fascinent, les questions sans réponses ..
La danse est apparue un art très rigoureux : si on ne sent rien,
si on ne voit rien, si on n'est pas sensible à l'atmosphère d'un
lieu, l'expression artistique ne pourra pas exister, l'émotion ne
pourra pas être recréée. Les élèves l'ont bien compris. Les séances
d'atelier ont été des séances de recherche, de travail seul parfois,
de négociations âpres dans les groupes souvent. Elles ont permis
aux élèves d'exprimer ce qu'ils ont compris et ressenti, d'être
attentifs à la recherche des autres, d'essayer de toujours s'améliorer
en restant authentiques.
Nous
avons eu de très nombreux moments de partage d'émotion entre élèves,
intervenant et enseignant et parents. Les élèves, par leur travail,
ont fait revivre le Sacré, réveillé des Images, fait naître la Musique
simplement de leurs gestes, créé le Silence Nous espérons que les
pages qui suivent pourront traduire la qualité du travail que
les élèves ont produit.
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