LE PONT VALENTRE
A/
Contact avec le chef d’oeuvre
C’est le plus beau pont de France et certainement d’Europe.
Cahors “Caors” est une ville médiévale très prospère. Elle est close
comme
toutes les villes médiévales et se situe
à l’est de la presqu’île .
En 1308, les Consuls de la ville, “los conses” décident de construire un
3° pont.
La ville de “ Caors” est une cité de marchands, qui pratiquent un trafic
local, mais aussi un trafic international. Ces marchands dits
“Caorsins” ont des comptoirs en Angleterre, en Finlande, et en Flandres.
Ce sont aussi des financiers pratiquant le prêt d’argent avec des taux
d’intérêt
très forts. Ils résident à l’est dans
l’amande (cf. visite paysage). La ville souffre de surpopulation. Il y a des
terrains vierges de l’autre côté des remparts. Les marchands décident de faire
construire un pont à l’ouest, qui leur servira de lieu de passage mais aussi de
point de fortification.
Les consuls vont faire appel à un architecte dont on ne connaît pas le
nom. Sa tombe se trouvait dans le couvent des Cordeliers (actuelle rue Wilson)
En 1580, lors de la venue d’Henri de Navarre, sa tombe a été démolie par
ses soldats (protestants ils s’emparaient de Cahors, ville catholique ).
Le pont semble répondre à 3 objectifs
1) Un pont solide
Le Lot est
une rivière aux crues redoutables, et il a endommagé de nombreuses fois le pont
vieux situé au Sud de la ville
L’architecte
va choisir :
a) Un
pont léger mais “intelligent”
Des arches en
forme d’arc brisé, qui trouvent leur force dans l’opposition des deux branches
de l’arc qui s’équilibrent
b) Des
piles bien défendues contre les assauts du courant
- des becs en
forme de proues de navire fendent l’eau
- des ouïes
permettent d’alléger la pression du courant sur
les piles.
Plusieurs
tests ont prouvé sa solidité : il a résisté à toutes les crues du Lot.
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En 1879, un élève de Violet le Duc,
Gout, le restaure et fait sculpter par Cyprien Calmont le petit diable de la
tour centrale.
2) Un pont qui se défend très bien
contre les attaques militaires
- trois tours
hautes, épaisses, munies d’archères cruciformes
à double fente horizontale ( pour bien voir
et bien tirer )
- des
bretèches de 4 mâchicoulis placées sur les côtés les
plus exposés. Remarquer la grande largeur des
mâchicoulis
qui permet de “balancer” sur l’ennemi des
masses
considérables de flèches (mais pas d’huile
bouillante:
car
d’abord il faut en avoir, ensuite il faut la faire bouillir)
- des créneaux sur les becs ( distinguer merlons et créneaux
) ( cf. dessin )
Remarquer
l’archère sur les merlons qui permet de tirer sans
s’exposer.
- des moyens
de défense rapprochée, des portes ou des
herses ferment les tours.
a)Les portes ont laissé des gonds
que l’on remarque aisément
Le gond central est inversé pour éviter
qu’on soulève la porte ( il n’y a pas de feuillure pour maintenir la porte de
bois dans un cadre de frêne)
b) L’emplacement
des herses
Les
logements des herses peuvent être
repérés grâce aux rainures se trouvant de part et d’autre de l’entrée des
tours. En
levant la tête on aperçoit ces emplacements
( le vide correspondant) dans la maçonnerie de la tour.
c) Les
assommoirs
Lorsqu’on
passe sous les tours, on remarque au milieu des voûtes, d’énormes trous
autrefois libres ( pas de
trappe ni de
lanterne ) qui pouvaient servir à larguer toutes sortes de projectiles.
toutes sortes
de projectiles.
d) Des
petites portes difficiles à franchir
- Des
portes étroites aux linteaux très courts: les hommes d’arme les
franchissent avec difficultés
( armures
larges et lourdes) et sont facilement assommés par les défenseurs
.
Elles sont
parfois situées en haut d’escaliers raides faits pour faire chuter les
assaillants.
- Des
portes épaisses : 2 épaisseurs de bois reliées par des clous forgés.
e) Une
solidité préservée au maximum
Les
projectiles ennemis risquent d’ébranler la maçonnerie, aussi au dessus de
chaque ouverture (qui affaiblit le mur), sont construits des arcs de décharge .
C/ Un pont magnifique
L’esthétique est toujours affaire de goût et d’appréciation, pourtant on
ne peut que remarquer :
- la légèreté
de l’ensemble
- l’harmonie
des lignes
- la couleur dorée de la maçonnerie
-
les toits
à coyaux bien assortis à l’architecture Quercynoise; le toit change de pente
vers la base pour que les eaux de pluie
s’éloignent du mur. Cet effet est obtenu
par l’adjonction d’une pièce de bois supplémentaire sur la charpente :
le coyau.
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